La communication interne, alliée sous-estimée dans l’engagement des salariés

La communication interne, alliée sous-estimée dans l’engagement des salariés

Quand on parle de communication, la plupart des gens pensent à la communication externe, c’est-à-dire celle qui vise les clients. Pourtant la communication interne, celle qui vise les employés (clients internes), est toute aussi cruciale à la santé d’une organisation et aux relations d’équipe.

La communication interne peut peut aider votre entreprise à amplifier son esprit collaboratif. Allons-y jeter un coup d’œil de plus près !

La communication interne, alliée sous-estimée dans l’engagement des salariés

Permettre aux collaborateurs de soutenir le projet commun de l’entreprise et d’accroître leur engagement, c’est aussi la mission de la communication interne.

L’engagement a mauvaise presse. Souvent apparenté au militantisme et à l’armée, il est fréquemment associé à une posture de soumission. Alors que l’entreprise valorise la créativité et l’autonomie, l’engagement n’est-il pas devenu anachronique ? Et pourtant, bien défini, associé davantage à la libre disposition qu’à la soumission, ce concept est fertile, notamment pour la communication interne.

La littérature sur les RH et la communication interne tend parfois à confondre bien-être, bonheur, satisfaction, motivation, implication et engagement. Si l’on s’en tient à la définition de l’Association nationale des DRH (ANDRH), l’engagement revêt pourtant un sens particulier. Il s’agit de « l’ensemble des actions d’un salarié qui vont au-delà de la contribution demandée par le contrat de travail, qui renforce le sentiment de contribuer à un projet commun, dans le respect des valeurs de l’entreprise. »

Toutes les dimensions de l’individualité mobilisées

En d’autres termes, le salarié engagé fait davantage que son strict travail et le fait pour l’entreprise, en mobilisant un sentiment. Ce dernier point est essentiel. La plupart des auteurs insistent sur le fait que l’engagement est le seul état où le collaborateur mobilise toutes les dimensions de son individualité : spirituelle, émotionnelle, intellectuelle et physique. Et de surcroît, toutes les dimensions de ses préférences relatives à l’emploi, la consommation et la citoyenneté. C’est en cela qu’il diffère de la satisfaction et de la motivation.

Et cet engagement résulte nécessairement du libre arbitre des salariés. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à partager la même liberté que le consommateur et à se comporter, comme lui, en « égo-altruistes », selon l’expression de l’ancien DRH et consultant Bernard Coulaty : leurs choix sont volontaires et réversibles, et quand ils s’engagent, c’est autant pour eux-mêmes que pour l’entreprise et, au-delà, la Cité.

Une dimension holistique de la relation à l’entreprise

Cette liberté accrue et la dimension holistique de la relation à l’entreprise (c’est-à-dire la prise en compte de tous les aspects de la personnalité et des préférences) sont désormais partagées par de nombreux auteurs. Deux exemples : on accorde aujourd’hui plus de poids à la motivation intrinsèque – l’action est conduite uniquement par l’intérêt et le plaisir que l’individu trouve à l’action, sans attente de récompense externe – qu’à la motivation extrinsèque – l’action est provoquée par une circonstance extérieure à l’individu (punition, récompense, pression sociale, obtention de l’approbation d’une personne tierce…). De même, des trois formes classiques de l’engagement – affectif (identification et attachement émotionnel à l’entreprise), de continuité (appartenance venant de la peur ou des coûts excessifs d’un retrait), normatif (la loyauté dérivant d’un sentiment d’obligation morale) — c’est la première qui s’installe de loin comme la plus importante.

Un état préexistant à l’intervention de l’entreprise

Cet état existe, même sans intervention planifiée de l’entreprise. Tout le monde a rencontré des « engagés », des personnes qui agissent comme si l’entreprise était la « leur ». Ils sont en consonance cognitive (« ma spiritualité s’accorde avec la raison d’être de l’entreprise ») ; ont envie de partager ses valeurs et de s’appuyer sur elles pour se connecter avec leurs pairs ou leurs subordonnés et les faire grandir (émotion), trouvent le projet clair et cohérent (intellectuel) et déploient une « pêche d’enfer » (physique). Doit-on les condamner ? Sûrement pas, dès lors que cet engagement leur profite dans la durée et qu’il ne perturbe pas leur intégrité. Le surengagement s’apparente en effet à de l’addiction au travail et peut déboucher sur un burn-out. Mais il existe heureusement un « bon » engagement : le consultant Jagdish Parikh parle de « detached involvement », lorsqu’un individu apporte son soutien à l’entreprise sans que cela se fasse au détriment des autres activités sociales, notamment familiales.

Donc, sous cette réserve (essentielle), on ne doit pas regretter qu’il y ait des engagés… Doit-on pour autant faire en sorte qu’ils soient plus nombreux ? Sans doute, car l’entreprise a besoin de « porte-drapeaux » pour étayer la transformation et dialoguer, parfois se disputer, avec ses parties prenantes ou l’opinion (c’est le sens de l’advocacy).

Rendre les collaborateurs « copropriétaires du commun »

Le rôle principal de la communication interne est de susciter cette exemplarité en rendant les collaborateurs qui le souhaitent « copropriétaires du commun » – « purpose », valeurs, projet opérationnel – et en leur donnant les moyens de le co-élaborer, de l’actualiser, de le partager et d’inventer ou de participer à des expériences qui le nourrissent.

En tout cas, c’est la zone où elle paraît le plus légitime. Elle est en effet en concurrence avec les autres collaborateurs, les chief happiness officers (CHO) et les managers de proximité pour satisfaire, avec les DRH et le management pour motiver, mais elle ne trouve sur sa route que les dirigeants, et notamment le premier d’entre eux, pour engager. Cela vient d’ailleurs de sa mission initiale : organiser le dialogue et l’action entre l’entreprise et ses collaborateurs. Alors, comment faire ? Il ne s’agit pas de vouloir le même niveau d’engagement pour tous mais de construire son programme autour de ce que nous appelons le « tunnel de l’engagement ». L’engagement doit être flexible.

Ce tunnel devrait pouvoir orienter les programmes de communication interne en gardant à l’esprit des principes transversaux : l’intelligence collective, l’ouverture vers la société et les autres parties prenantes et, enfin, l’originalité, pour espérer gagner la bataille de l’attention. La communication interne retrouvera ses lettres de noblesse (l’attrition actuelle des budgets le rend nécessaire) si elle trouve une intention forte. Peut-être, en effet, ne paraît-elle pas assez utile aux dirigeants parce que sa mission est trop vaste : développer « l’échange de sens », « la qualité des relations internes », « le développement de la coopération »… Un autre choix serait d’assumer sa dimension instrumentale : la communication interne, coordonnée avec la communication externe et les RH, doit permettre à la majorité des collaborateurs de soutenir le commun de l’entreprise, d’autant plus facilement qu’ils l’auront co-construit.

Publié le 26 juin 2019 par Éric Camel, Harvard Business Review

Vous voulez en savoir plus ? Contactez A7ressources au 514.803.7977 ou par courriel.

D'autres articles que vous pourriez aimer

Leçons de Vie par les Para Olympiens : Développer sa Force de Volonté

La force de volonté est une qualité essentielle qui permet de surmonter les obstacles les plus difficiles. Les para olympiens, par leur détermination et leur résilience, nous montrent chaque jour que cette force intérieure peut être cultivée et développée. Mais d’où vient-elle et comment peut-...

Au-Delà du Superficiel : Construire des Relations Solides au Travail

Plonger dans nos propres forces, ainsi que dans celles de nos collaborateurs, est essentiel pour bâtir des bases solides au sein d’une équipe. Trop souvent, nous nous contentons de rester en surface, tant dans notre compréhension de nous-mêmes que dans nos interactions avec les autres. Pourtant, tou...

Tourner en rond par volonté de montrer que l'on écoute : Une approche centrée sur l'humain

Écouter est souvent perçu comme une compétence passive. Cependant, un phénomène intéressant émerge lorsque des individus choisissent délibérément de « tourner en rond » dans les discussions, non par manque de direction, mais par volonté de démontrer leur écoute active. Cette pratique peut sembler co...

Raviver l'intérêt des parties prenantes

Raviver l’intérêt des parties prenantes dans le cadre de la gestion du changement, particulièrement après une période de déception, est une tâche délicate mais essentielle. Voici quelques stratégies clés pour y parvenir : Évaluation et Communication Transparente : Commencez par évaluer la sit...

Différences entre la responsabilisation et l'engagement

Différences entre la responsabilisation et l’engagement : Responsabilisation (ou « Accountability » en anglais) : Elle concerne l’obligation de rendre compte de ses actions et d’en assumer les conséquences, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Une personne responsabilisée es...

Portez-vous un faisceau frontal qui vous empêche de voir plus global ?

Dans un monde de plus en plus complexe et rapide, la capacité à se concentrer est souvent valorisée. Cependant, un excès de concentration, comparable à un faisceau lumineux frontal étroit, peut nous rendre aveugles à la vue d’ensemble. Cette vision tunnel, bien qu’efficace dans certaines...

Être au diapason avec son équipe, qu’est-ce que cela signifie ?

En musique, le diapason est un instrument qui donne la note de référence, permettant à tous les musiciens de s’accorder et de jouer en harmonie. Dans le monde professionnel, être « au diapason » avec son équipe évoque une harmonie similaire, où le leader et les membres de l’équipe sont s...

7 Stratégies pour une Culture Organisationnelle Efficace et Collaborative malgré la Surcharge de Travail

Pour éviter la création de silos et aligner les équipes malgré la surcharge de travail, il faut établir une culture organisationnelle qui favorise la collaboration et la transparence. Voici quelques stratégies pour atteindre ces objectifs : Communiquer une vision claire : Il est crucial que chaque ...

Partage de meilleures pratiques, levier d’esprit d’équipe

Prendre le temps d’expliquer et d’apprendre…pour une montée en compétence organisationnelle Ainsi, il faut cultiver ce réflexe de générosité car la montée en compétence est en soi un défi important au quotidien pour les organisations. Dans cette veine, il importe de saisir toutes les occasions d’éco...