L'introverti est-il un meilleur patron ?
Introverti ou extraverti ? Qui fait le meilleur patron ? C’est une question souvent posée quand on pense à la performance en entreprise, la gestion des ressources et les relations d’équipe. Allons-y jeter un coup d’œil de plus près !
Trois comportements qui peuvent faire de l’introverti un meilleur patron aux yeux de l’extraverti
Si l’introverti a de plus en plus de voix au chapitre du leadership, et que nous constatons davantage sa présence dans les postes de direction, la grande majorité de la littérature scientifique sur les chefs d’entreprise porte sur le gestionnaire extraverti.
En préparation de mon prochain livre, Introvers/Ambiverts/Extroverts in the Executive Suite, j’ai interviewé plus de 350 hauts dirigeants pour constater qu’ils se répartissent dans des proportions d’environ 40 % d’introvertis, de 20 % d’ambivertis, et de quelque 40 % d’extravertis. Cette répartition s’apparente à celle de la population canadienne. Elle représente une courbe en cloche où la plupart des dirigeants se rapprochent du centre, alors que d’autres, comme moi, avoisinent les extrémités.
L’introverti a un style de gestion qui a un impact majeur auprès de ses subordonnés.
Dans le présent article, je décris trois comportements que le gestionnaire introverti peut adopter pour mieux interagir avec les employés extravertis. Et je crois que s’il les met en pratique, ses collègues extravertis lui en seront reconnaissants.
Inspirez-vous des extravertis
Il faut considérer nombre des traits de l’extraverti comme des points forts plutôt que des faiblesses (eh, oui, certains de ces traits basculent parfois dans la faiblesse, tout comme c’est le cas pour l’introverti). On dit souvent dans le milieu des affaires qu’on ne peut pas apprécier ce qui nous fait défaut. Or, il arrive à l’occasion que l’extraverti s’égare et qu’il prenne toute la place. Cela dit, grâce à une judicieuse dose de mentorat, l’introverti peut à son tour faire siennes certaines des forces de l’extraverti, dont l’énergie, l’enthousiasme et la créativité.
Il convient de considérer l’extraverti comme un précieux membre de l’équipe doté d’un jeu de compétences particulier pour amorcer du bon pied une relation professionnelle efficace avec lui. Accordez-lui de la valeur, et il vous appréciera davantage comme patron!
Rechargez vos batteries
Il faut reconnaître qui si l’introverti a besoin de prendre des pauses après avoir endossé le rôle d’extraverti, il en est de même pour l’extraverti. Les ouvrages universitaires reconnaissent que ces pauses, au calme, donnent à l’introverti le temps de réfléchir et d’analyser, soit deux de ses points forts.
L’extraverti a certes lui aussi besoin de pauses, mais elles se situent à l’autre pôle de l’échelle comportementale. Laissé à lui-même trop longtemps (enfin, selon sa perception), il risque de sombrer dans la léthargie. Il doit être stimulé. Il se rendra alors à la cafétéria pour, bien sûr, obtenir sa dose de caféine, mais surtout pour bavarder, plaisanter et refaire le plein d’énergie.
Écoutez activement
L’écoute est généralement l’un des points forts de l’introverti et je dois admettre que cela est bien vrai. L’extraverti quant à lui adore que son auditoire s’investisse émotionnellement lorsqu’il s’exprime; il en a besoin. Qu’il s’agisse d’une anecdote ou d’une blague, de la présentation de diapositives ou de la proposition d’une idée nouvelle, l’introverti doit réagir à l’énergie de l’extraverti en lui accordant la plus grande attention pour lui offrir une écoute de qualité.
Très à l’écoute, l’introverti peut néanmoins être perçu par l’extraverti comme un auditeur passif. Alors que l’extraverti s’emballe à propos de son sujet, il est en quête d’écoute active. Il veut une réponse. Devant un auditeur qui reste calmement assis, sans réagir ni fournir de rétroaction, l’extraverti peut ressentir de la frustration et supposer que ses idées sont sinon ignorées, du moins sous-estimées. L’introverti songe aux propos de l’extraverti et les analyse, mais, pour s’améliorer comme patron, il serait bon qu’il écoute de manière plus active.
Quand un collègue extraverti écoute, il opine du bonnet, se penche vers l’avant, sourit ou fronce les sourcils; il peut ne pas être d’accord, mais il se mobilise davantage que d’autres. Si un tel comportement n’est pas d’emblée celui qu’adoptera l’introverti, il doit néanmoins en tenir compte lorsqu’il s’adresse à nous, extravertis, et hausser légèrement le volume. Vous avez probablement des collègues qui agissent ainsi et, parfois, vous avez peut-être l’impression qu’ils en font trop. Mais, nous, extravertis, nous nourrissons à même l’énergie d’un auditoire captivé qui nous électrise et nous permet d’offrir le meilleur de nous-mêmes.
Karl Moore, publié le 16 juillet 2019 par Les Affaires